Interview de Michael Tschirky sur la réorientation de l’USIE

A l’assemblée générale du 22 juin 2019, les nouveaux statuts et règlements de l’Union seront soumis aux membres actifs pour approbation. Dans cette interview, le président central Michael Tschirky donne son avis sur les modifications prévues.

Michael Tschirky, pourquoi a-t-on besoin d’une réorientation?
Notre Union peut se targuer d’un passé couronné de succès. Elle a été fondée pour lutter contre la croissance sauvage et la concurrence désastreuse. Les fondateurs de notre Union ont ainsi réagi aux développements du marché et aux besoins de la branche. Et nous poursuivons cette tradition avec la réorientation de notre Union: tout comme autrefois, nous posons à nouveau des jalons importants pour relever les défis de demain et assurer le succès de notre branche.

Une modification des statuts est-elle nécessaire pour ce faire?
Il incombe au comité central de se pencher sur l’Union et son développement afin de la préparer pour qu’elle puisse maîtriser les défis de demain et s’engager avec succès pour ses membres. Les nouveaux statuts et les règlements correspondants constituent une base pour ce faire.

Mais pourrait-on aussi se passer d’une révision des statuts?
Notre Union a plus de 100 ans et, à ce jour, elle n’a apporté que des modifications marginales à ses statuts. En revanche, notre branche et nos membres vivent de nombreux changements technologiques, économiques et sociétaux. Ces changements doivent se refléter aussi dans la structure de l’Union. Autrement, nous ne pourrons pas continuer à nous engager à l’avenir pour satisfaire les demandes de notre branche – la branche de l’électrotechnique – et de nos membres.

Quels seront les changements les plus importants?
D’une part, les statuts seront allégés, simplifiés et modernisés. D’autre part, de nouveaux règlements seront créés. Nous pourrons ainsi répondre au besoin croissant de transparence. Notre objectif principal est d’offrir la possibilité à tous les groupes de professions qui sont formées par notre Union de devenir des membres actifs. Outre les entreprises d’installation électrique, par exemple des entreprises des secteurs de la planification électrique ou de l’automatisation des bâtiments devraient également pouvoir devenir membres à l’avenir.

Pourquoi l’Union souhaite-t-elle s’ouvrir davantage?
Tous les entrepreneurs que nous avons formés font partie de la branche de l’électrotechnique en Suisse. Nous leur en sommes redevables en tant qu’union. Nous ne voulons pas qu’une partie des professionnels que nous avons formés soient laissés pour compte. Nous voulons aussi leur offrir une patrie. Par contre, à l’avenir, nous n’accepterons toujours pas des entreprises étrangères à la branche et à la profession, par ex. du secteur CVCS.

À l’avenir, tout le monde pourra-t-il donc devenir membre?
Si, par «tout le monde», on entend tous ceux que nous formons nous-mêmes pour la formation initiale ou continue, la réponse est oui. Nous formons des monteurs-électriciens, installateurs-électriciens, planificateurs-électriciens et des télématiciens (et bientôt des informaticiens du bâtiment). Nous offrons une formation continue à des jeunes professionnels pour devenir chefs de projet, experts en installation et sécurité électrique diplômés ou experts en planification électrique diplômés. Une partie de ces spécialistes qualifiés se met ensuite à son compte. Ils seront les piliers de l’avenir de notre branche. Nous ne voulons pas refuser l’accès de ces entreprises à notre Union, mais leur offrir une chance à de s’y engager activement. Il n’y a pas de raison admissible que nous offrions une formation initiale ou continue à des professionnels et que nous ne les accueillions pas ensuite au sein de la branche suisse de l’électrotechnique.

Qu’attendez-vous de cette ouverture accrue?
À l’heure actuelle, nous ne représentons qu’une partie de notre branche (installateurs et télématiciens). Cela affaiblit notre position et notre influence par rapport à d’autres acteurs du marché et aux milieux politiques. Nous devons et voulons changer cela afin que nous puissions continuer de nous engager avec succès pour notre branche. Nous devons devenir le représentant solide de la branche de l’électrotechnique. C’est pourquoi tous les entrepreneurs formés par nous doivent avoir la possibilité de devenir membres de notre Union à l’avenir. De plus, nos différentes professions sont inséparables les unes des autres. Cela se manifeste aussi sur le marché. Un grand nombre de nos entrepreneurs est actif dans divers secteurs. Pourquoi maintenir une séparation artificielle au niveau de l’Union alors que nos entrepreneurs et le marché évoluent dans une direction différente? Cela nous affaiblit et nuit à notre réputation. Cela affaiblit notre position par rapport à nos clients et aux maîtres d’ouvrage, ce que, assurément, personne de nous ne souhaite.

Cette ouverture accrue n’est-elle pas le premier pas vers un relâchement des exigences de l’autorisation d’installer?
Pourquoi donc la réorientation de notre Union réduirait-elle les exigences de l’autorisation d’installer? Il n’y a absolument aucun rapport entre les deux. J’affirmerais même que notre ouverture accrue aura bien plutôt l’effet contraire. Elle nous renforce. Nous améliorons notre position et notre influence vis-à-vis d’autres acteurs du marché et des milieux politiques. Unis en tant que branche solide de l’électrotechnique, nous pourrons mieux faire valoir nos demandes, car, ensemble, nous sommes plus forts. Ainsi, nous pourrons encore mieux nous investir pour la sécurité requise par l’OIBT et garantie par l’autorisation d’installer et la compétence professionnelle.

Pourquoi faut-il un nouveau nom?
Cette ouverture accrue doit se refléter aussi dans le nom de l’Union. Notre nom actuel est l’abréviation de l’Union Suisse des Installateurs-Electriciens, ce qui exclut toutes les autres professions – même les membres actifs actuels du secteur de la télématique. À l’avenir, nous voulons cependant soutenir tous les groupes professionnels que nous avons formés. À ce titre, le nom actuel n’est pas approprié. Nous avons donc procédé à une consultation de la base concernant le nouveau nom. Cette consultation a donné «EIT.swiss». Nous proposons ce nom à nos membres actifs dans le cadre des nouveaux statuts. Nous sommes tout à fait conscients qu’un nom est aussi quelque chose d’émotionnel et une question de goût. Néanmoins, nous sommes convaincus de pouvoir proposer avec EIT.swiss un nom tourné vers l’avenir.

Y a-t-il encore un autre message que vous souhaitez donner aux membres?
La branche de l’électrotechnique est une composante décisive de la branche de la technique du bâtiment. Cela a depuis toujours été le cas et le sera encore bien plus à l’avenir. Nous sommes fiers de nos professions et de notre place autonome et unique en son genre dans la technique du bâtiment. Et nous voulons aussi faire connaître cette fierté à l’extérieur. Nous voulons devenir encore plus visibles, perceptibles et audibles. Pour ce faire, nous avons besoin d’avoir plus de poids. C’est pourquoi nous unissons nos forces et ouvrons l’Union à tous les entrepreneurs que nous avons formés – à la branche suisse de l’électrotechnique.